QING LI
PRIX CORTOT 2020
La sélection du répertoire de ce CD entendait révéler de multiples aspects de la musique de Beethoven. Les variations Eroica op.35, une œuvre importante de sa période intermédiaire, nous offrent un Beethoven intrépide et jeune, prêt à conquérir le monde, mais avec un sens de l’humour fréquemment présent dans ces oeuvres. Il était, à cette époque, déjà un maître dans l’utilisation des éléments les plus simples pour acquérir une présentation musicale substantielle. La sonate op.101, marque l’ouverture des 5 dernières sonates. À partir de là, Beethoven s’est développé vers une forme d’écriture musicale beaucoup plus libre. La sonate op.109 est similaire de ce point de vue, le premier mouvement a commencé presque comme un fantasme... Il est fascinant de constater qu’après le gigantesque Hammerklavier op.106, Beethoven a proposé quelque chose à plus petite échelle, mais avec une approche extrêmement intime. Ici encore, composé avec les éléments les plus simples, lorsque le thème d’ouverture du dernier mouvement revient à la fin, il peut être ressenti comme l’expérience d’une vie. Lorsqu’on est confronté à une musique comme celle-ci, on ne peut que sentir que ce qui peut être écrit est limité - les notes étant bien plus profondes que ce qu’elles peuvent laisser percevoir, tellement plus que tout ne peut être mis dans la composition. Beethoven le savait, et nous a invités à découvrir et expérimenter bien au-delà de la musique elle-même.